Thailande Trek : les villages

En 2010 j'étais parti sur le chemin de Stevenson (GR72 en France), avec 21kg sur le dos. C'était beaucoup comparé à mon poids, mais finalement assez peu pour tenir seul en autonomie complète pendant 10 jours. Je n'avais alors besoin que d'un ravitaillement en eau par jour ; pour tout le reste, je vivais sur le chemin, sans m'arrêter dans les villages.
Ici, en Thaïlande, j'ai également 20kg sur le dos, mais je n'ai absolument pas prévu de marcher en autonomie. je n'ai pas de réchaud, pas de tente, presque pas de nourriture...Sans point de chute, mon trek s'arrêtera rapidement. Faisant une confiance aveugle à ma première impression de Novembre, je m'en remets totalement à l'hospitalité des villages. Encore faut-il trouver un village dans ces collines oubliées.
J'ai passé au crible les vues satellite de GoogleMap pour répertorier les possibles étapes. Mais parfois je ne distingue presque rien autour des rizières. Pas évident d'anticiper le bivouac!
Voici quelques photos de ce que j'ai découvert le long du chemin.

Pick Up

Il n'y a que deux types de véhicules sur la piste : les photos de 125cm3 et les gros pick-ups (souvent des Isuzu plus tout neuf). Quelque soit leur vitesse, leur chargement, le nombre de passagers, l'heure et l'endroit : 80% d'entre eux se sont arrêtés à ma hauteur pour me demander où j'allais, la moitié m'a proposé de monter et le pick-up qui m'a transporté sur plus de 15km s'est étonné que je lui donne de l'argent et a ensuite refusé catégoriquement.
Sur la piste, ceux qui ont des roues en font profiter ceux qui usent leurs semelles. J'en étais même venu à m'excuser de refuser une invitation de "covoiturage" pour une raison aussi dérisoire que "prendre des photos" ou "apprécier le paysage". La marche pour le plaisir devait leur apparaître comme la dernière aberrations des nantis occidentaux. Les habitants des collines réservent leurs efforts à des occupations autrement plus utiles : débiter du bois pour le foyer, défricher pour les cultures, couper des troncs massifs pour les maisons, tresser, coudre, assembler, cuisiner, transporter des charges...
En marchant sur la piste, je ne me faisais pas d'illusion, je n'avais aucun espoir de me fondre parmi les locaux. Même en voyageant de la manière la plus simple, j'étais encore un touriste.

Kaeng Hom

Préparation du bouillon matinal.

Piment

Piment étalé au soleil, sur un toit.

École

École d'un petit village.
Anecdote amusante : je traversais le village et en passant le long de l'école j'ai inévitablement attiré l'attention de tous les enfants de la classe. L'institutrice s'est alors arrêtée et m'a apostrophé pour me demander où j'allais.
En s'interrompant, les jeunes écoliers ont sauvé ma journée : j'étais dans la mauvaise direction!

Robinson

En regardant ces deux maisons de bois, ce petit chemin qui grimpe le talus et cette clôture symbolique, je me suis immédiatement retrouvé dans l'imaginaire de Robinson Crusoé qui aurait aménagé sa colline. J'ai pris la photo sans me poser trop de question, mais en la regardant ensuite, j'y vois nettement la cabane de mes rêves, face à la vallée, dos à la montagne, à portée de main du ciel, à une enjambée de la forêt.

Maison "traditionnelle"

Pilotis, panneaux de bambou aplati, toiture en feuille de bananier : c'est le style de maison le plus commun dans les villages. Les toits en tôle sont très présents et les toits exclusivement en feuille de bananier sont plus rares. Les planches régulières, aux dimensions régulières -produits certainement importés de la ville- sont très en vogue.
Combien de décennies les savoirs-faire ancestraux vont-ils encore survivre?

Pâturage

Mes hôtes de Bannamhoo emmènent les vaches au paturage.

À bannamhoo, tout est en bois

Tout est en bois -ou presque- : les verres -en bambou-, la charpente, mais aussi les liens entre pannes et chevrons ; les murs sont en panneaux de bambou tressé, le sol en lamelles de bambou...
J'étais déjà sous le charme de l'ingéniosité de ces architectes de la jungle avant d'apercevoir cette magnifique "cloche en bois". Évidemment, ça ne sonne pas aussi bien qu'une clochette en laiton, mais la vache est accompagnée d'un noble "tonk-tonk-tonk". Unique.

À emporter!

En partant de Bannamhoo, j'ai eu une petite incompréhension avec mon hôte : je ne savais pas si elle me proposait de reprendre du riz pour le petit-déjeuner ou d'en emporter pour le déjeuner sur la route. J'ai dis "oui" autant pour être gentil que parce que j'avais faim. Elle m'a finalement préparé un superbe plat "à emporter". Après avoir passé rapidement deux feuilles de bananier au feu, elle a emballé un grosse portion de riz, a hermétiquement plié les feuilles et noué le tout avec des fibres de bambou. Avec un peu de jus de bouillon -elle avait choisi un des meilleurs morceaux de viande-, j'avais un délicieux plat pour le déjeuner!