Thailande Trek : paysages

Matin brumeux

Premier matin ; la brume se lève lentement. Je ne suis pas pressé, j'ai déjà trouvé tout ce qui me fallait pour marcher avec plaisir : l'air est frais et chargé du parfum humide des herbes, le soleil est en voie de percer. Mieux encore : sans même avoir bouclé le premier kilomètre, la luxuriance de la végétation m'a transporté à des mondes et des années-lumières de la grisaille de Shenyang.

Rizières

Matin brumeux 2

Deuxième jour. Difficilement extrait de mon hamac, un matin frais succède à une nuit froide.
Seul réconfort : regarder les mouvements gracieux de la brume au-dessus des rizières, dans le silence épais des vallées reculées.

Vallée

En fin de matinée, la brume peine encore à se morceler. Apparaît alors la vallée, qui ressemble de plus en plus à un Eden.

Dernières rizières

Dernier élargissement de la vallée, dernières rizières avant que les collines ne referment complètement leurs gorges.
L'espace est mis en géométrie, l'agencement régulier des cultures semble pouvoir encore tenir tête à la luxuriance chaotique des collines.

Îlots perdus

Sur mes vues satellites, il m'avait bien semblé apercevoir des îlots de végétation rases ; deux petites rizières, de part et d'autre d'un ruisseau boueux. Deux rizières, deux petites cabanes sur pilotis qui dominent un territoire pas plus grand qu'un terrain de football ; dérisoire domination de l'homme sur la suprématie de la jungle. Dérisoire, peut-être, mais certainement vitale pour ceux qui se sont donné la peine de défricher cet espace à la machette, d'en retirer chaque racine pour ne garder que le substantifique terreau ; ceux qui ont aménagé l'irrigation ingénieuse de chaque bassin et qui y ont planté, un par un, les pieds de riz.
Où sont-ils, ceux qui ont conquis l'agriculture sur un territoire de chasseurs-cueilleurs? Il est quinze heures, le terrain est accidenté, et je suis exténué ; j'aimerais bien dormir ici, mais il n'y a personne à l'horizon, pas un village à plusieurs heures à la ronde. Je me serais volontiers invité pour la nuit sur cet îlot naufragé de la jungle, mais une branche posée en travers de l'accès semble indiquer que l'on y entre pas comme dans un moulin.
Après un petite demi-heure d'attente infructueuse, dans la peur de ne croiser personne avant la nuit, je décide de continuer ma route, laissant derrière moi la cabane sauvage idéale qui aurait ravi le petit garçon que je suis.

Petin matin au bord de la jungle

Vallée de Mae Hong Son

Matin du cinquième jour. Le GPS est formel : Mae Hong Son est en contre-bas, sous les nuages. Je suis encore à près de 1000 mètres d'altitude, et le ville est 500 mètres plus bas. Un longue et sinueuse route en perspective.
Au détour de ce col, la vue a une signification particulière : c'est la première fois que je sors la tête des collines dans lesquelles je me suis empêtré. C'est la première fois que la vue porte aussi loin. Le temps aurait été clair, j'aurais vu la Birmanie à l'Ouest. Les brumes hivernales ne me permettent que d'imaginer la vallée et son horizon.