Les Agulhas Negras (Aiguilles Noires) font partie de mon quotidien à Resende : je les salue tous les matins en allant au travail ; je cours, je pédale, je randonne à leur pieds ; je ne manque jamais de m'arrêter lorsque j'ai le temps de regarder le soleil se coucher derrière les pics rocheux du sommet.
Toute la ville et toute la vallée de Maua vivent en permanence sous le regard des ces hautes montagnes qui forment une impressionnante frontière entre la région de Rio de Janeiro et le Minas Gerais. Les plus hautes randonnée que j'ai faites jusqu'à présent m'ont emmené à 1700m d'altitude tout au plus. À chaque fois, je n'ai pu qu'admirer l'imposante forteresse, loin dans le ciel : le sommet culmine à 2800m, surplombant largement toutes les chaînes alentours.
Quelques semaines à peine après mon installation, j'ai compris que ces Agulhas ne faisaient pas seulement partie du décor, elles sont également l'Esprit de la région, régnant en maîtresses terribles et incontestées sur la région : accumulant les nuages, les relâchant en meutes, les évaporant ou les condensant.
Ce sont elles qui, dans un accès de colère, déchirent le ciel et l'air en de monstrueux orages (les plus puissants que je n'ai jamais entendus...).
Aujourd'hui, c'est la bonne. Aujourd'hui, enfin, on y monte! Douze expatriés, un guide et toute la journée ensoleillée devant nous. Même si j'ai perdu ma grasse mat' du dimanche (à quand remonte la dernière?), je suis dans les starting blocks pour partir à l'assaut du pic!
Voici l'ascension, comme si vous y étiez !
Ascension ascenseur
Après 1h30 de route, nous sommes à près de 2400m d'altitude, bien au-dessus des nuages de la vallée
Surprise!
Première surprise en sortant de la voiture : il fait froid! Les tropique certes, mais les tropiques en hiver et à 2400m, c'est froid!(même gelé, d'après la flaque)
Fini la Jungle
La jungle tropicale a laissé place à un terrain rocailleux, digne des montagnes européennes!
Écrasés en suspension?
Impression contrastée d'être en suspension au-dessus des nuages, en plein ciel ; et pourtant nous sommes écrasés par l'immensité du lieu.
Forteresse Volante
Encore du contraste : la roche déploie devant nous toute son imposante densité, et pourtant le lieu parait flotter dans le ciel au-delà de toute réalité, sans aucun lien avec le "sol".
À flanc
Il y a peu de dénivelé pour atteindre le sommet : 400m à peine. Mais la pente est telle, et le terrain si accidentée qu'il faut s'arrêter en pleine pente pour respirer.
Entre Ciel et Terre
Paysage totalement irréel : les pierres rondes et lisses paraissent légères comme des coussins, des nuages en contre-bas tapissent le sol, et l'horizon nous enserre de toutes parts : nous sommes dans un autre Monde.
Forteresse d'aiguilles
Acérées, les aiguilles du sommet ne sont accessibles que par des passages accidentés, à la limite de l'escalade.
Coincés
L'ascension continue, tenant de plus en plus de l'escalade. À chaque rocher, on cherche notre chemin, on tâtonne du pied, on hésite à sauter ; les aiguilles se referment autour de nous.
De l'autre côté du miroir
Nous sommes au pied du dernier pic : il faut passer sous une roche en équilibre pour accéder à l'autre versant, presque en rampant, comme Alice derrière le Lapin Blanc.
L'horizon, toujours
De l'autre côté de la montagne : l'horizon, le ciel, la mer de nuage ; le regard qui embrasse des centaines de kilomètres.
Pause méritée
2800m : Le transat le plus haut de la région, idéal pour manger son sandwich au soleil de midi.
Encore de la vue
Le paysage est presque immobile, figé comme la roche, pourtant le regard est totalement absorbé par la ligne d'horizon, comme attiré par le vide. Dernier coup d'oeil et il faut déjà attaquer la descente.